Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DIV
DOJ
― 218 ―

d’une plus noble nature, et formé de l’élément du feu, avait été élevé parmi les anges. Éblis, chargé des ordres divins, descendit du ciel et fit la guerre contre les Dives et les Péris, qui se réunirent pour se défendre ; Éblis les défit et prit possession de ce globe, lequel n’était encore habité que par des génies. Éblis ne fut pas plus sage que ses prédécesseurs ; Dieu, pour abattre son orgueil, fit l’homme et ordonna à tous les anges de lui rendre hommage. Sur le refus d’Éblis, Dieu le dépouilla de sa souveraineté et le maudit. Ce ne sont là, comme on voit, que des altérations de l’Écriture sainte.

Divinations. Il y en a plus de cent sortes. Voy. Alectryomancie, Alphitomancie, Astragalomancie, Astrologie, Botanomancie, Cartoman­cie, Catoptromancie, Chiromancie, Cristallomancie, Cranologie, Daphnomancie, Gastromancie, Hydromancie, Lampadomancie, Métoposcopie, Mimique, Nécromancie, Onomancie, Ornithoman­cie, Physiognomonie, Pyromancie, Rabdomancie, Théomancie, etc., etc., etc. Cicéron réduit toute la divination à deux espèces, dont l’une était naturelle et l’autre artificielle (Cicero, De divin., lib. i). La première se faisait par une émotion de l’esprit qui, étant saisi d’une espèce de fureur, prédisait les choses à venir. Tel était l’esprit qui animait la Pythie sur le trépied. La divination artificielle se faisait par l’observation de signes et de circonstances naturelles dans les sujets que l’on savait destinés à prédire l’avenir. À cette seconde espèce appartenait l’astrologie, les augures, les auspices, les sortilèges et les prodiges.

Djilbéguenn, magicien tartare dont le souvenir est vivace encore en Sibérie. Il brillait dans les temps héroïques ; et on raconte de lui de grandes merveilles. Il se montrait quelquefois sous la figure d’un monstre à neuf têtes. Il était monté sur un bœuf à trente cornes lorsqu’il coupa la tête de Comdaï-Mirguenn. Il entendait le langage de toutes les bêtes. À la suite de beaucoup d’actions atroces, il est allé en enfer et n’en est pas revenu.

Dobie, esprit familier dans le comté d’York en Angleterre. On donne cet esprit à toute famille qui porte le nom de Dobie. C’est, dit-on, le spectre d’un ancêtre qui s’attache à quelques-uns de ses descendants.

Docètes, hérétiques du premier siècle qui niaient l’incarnation et qui soutenaient que NoireSeigneur était trop pur pour avoir pris une chair humaine. Saint Jérôme écrit à ce sujet que le sang du Sauveur fumait encore dans la Judée, lorsqu’on se mit à enseigner que son corps n’avait été qu’un fantôme. Ils doivent leur nom de docètes à un mot grec qui signifie apparence et qui explique leur système que Jésus avait simplement paru un homme.

Docks. Voy. Alfares.

Dodone. Hérodote raconte ainsi l’origine des oracles de Dodone. Deux colombes noires, selon les habilants de la contrée, vinrent dans le pays ; furie s’abattit sur un chêne et dit d’une voix humaine qu’il fallait bâtir sous ce chêne un temple à Jupiter : ce qui eut lieu ; et le chêne rendit des oracles. Hérodote explique ensuite que ces deux colombes étaient deux prêtresses égyptiennes. La seconde de ces colombes se rendit en Libye, où elle institua le culte de Jupiter Ammon.

Dogdo, ou Dodo, et encore Dodu. Voy. Zoroastre.

Doigt. Dans le royaume de Macassar, si un malade est à l’agonie, le prêtre idolâtre lui prend la main et lui frotte doucement le doigt du milieu, afin de favoriser par cette friction un chemin à l’âme, qui sort toujours, selon eux, par le bout du doigt.

Les Turcs mangent habituellement le riz avec les doigts ; ils n’emploient pour cela que le pouce, l’index et le médius ; ils soilt persuadés que le diable mange avec les deux autres doigts.

Dans certaines contrées de la Grèce moderne, on se croit ensorcelé quand on voit quelqu’un étendre la main en présentant les cinq doigts.

Doigt annulaire. C’est une opinion reçue que le quatrième doigt de la main gauche a une vertu cordiale ; que cette vertu vient d’un vaisseau, d’un nerf ou d’une veine qui lui est communiquée par le cœur, et, par cette raison, qu’il mérite préférablement aux autres doigts l’honneur de porter l’anneau. Levinus Lemnius assure que ce vaisseau singulier est une artère, et non pas un nerf, ni une veine, ainsi que le prétendent les anciens. Il ajoute que les anneaux qui sont portés à ce doigt influent sur le cœur. Dans les évanouissements, il avait coutume de frotter ce doigt, pour tout médicament. Il dit encore que la goutte l’attaque rarement, mais toujours plus tard que les autres doigts, et que la fin est bien proche quand il vient à se nouer.

Dojartzabal, jeune sorcière de quinze à seize ans qui confessa, vers 1609, avoir été menée au sabbat par une autre sorcière, laquelle était détenue en prison[1] ; ce que celle-ci niait, disant qu’étant attachée à de grosses chaînes de fer et surveillée, elle ne pouvait être sortie de son cachot ; et que, si elle en était sortie, elle n’y serait pas rentrée. La jeune personne expliqua toutefois que, comme elle était couchée près de sa mère, cette sorcière l’était venue chercher sous la forme d’un chat…, pour la transporter au sabbat, et que, malgré leurs fers, les sorcières peuvent aller à ces assemblées, bien que le diable n’ait pas moyen de les délivrer des mains de la justice. Elle assura encore que le diable, qui la faisait enlever ainsi d’auprès de sa mère, mettait en sa place une figure qui lui res-

  1. Delancre, Tableau de l’inconst. des démons, etc., liv. II, p. 101.