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toire Le peuple, frappé d’admiration, les conduisit à l’évêque, celui-ci au patriarche et le patriarche à l’empereur. Ces sept Dormants révélèrent les choses du monde les plus singulières, et en prédirent qui ne l’étaient pas moins. Ils annoncèrent entre autres l’avènement de Mahomet, l’établissement et les succès de sa religion, comme devant avoir lieu deux cents ans après son réveil.

Quand ils eurent satisfait la curiosité de l’empereur, ils se retirèrent de nouveau dans leur caverne et y moururent tout de bon : on montre encore cette grotte auprès d’Éphèse.

Quant à leur chien Kratim ou Katmir, il acheva sa carrière et vécut autant qu’un chien peut vivre, en ne comptant pour rien les deux cents ans qu’il avait dormi en compagnie de ses maîtres. C’était un animal dont les connaissances surpassaient celles de tous les philosophes, les savants et les beaux esprits de son siècle ; aussi s’empressait-on de le fêter et de le régaler ; et les musulmans le placent dans le paradis de Mahomet, entre l’âne de Balaam et celui qui portait Notre-Seigneur le jour des Rameaux.

Cette historiette a tout l’air d’une contre-partie de la fable d’Épiménides de Crète, qui, s’étant endormi sur le midi dans une caverne en cherchant une de ses brebis égarée, ne se réveilla que quatre-vingt-sept ans après, et se remit à chercher ses brebis comme s’il n’eût dormi qu’un peu de temps.

Delrio parle d’un paysan qui dormit un automne et un hiver sans se réveiller[1].

Dosithée, magicien de Samarie, contemporain de Simon le Magicien ; il se présentait comme étant le vraie Messie, et il parvint à séduire la foule par des prestiges, des enchantements et des tours d’adresse. Il menait avec lui trente disciples, autant qu’il y avait de jours dans le mois, et n’en voulait pas plus. Il avait admis à sa suite une femme qu’il appelait la Lune. Il judaïsait, et le point capital de sa doctrine consistait, pour ceux qu’il entraînait, à passer le jour du sabbat dans l’immobilité la plus complète.

Double. On croit en Écosse qu’un homme peut être double, c’est-à-dire qu’il peut être vu à la fois en deux lieux différents, qu’il peut lui-même, en certaines occasions, voir sa doublure devant lui. Cette doublure n’est qu’une ombre, à la vérité. Eh bien, nous pouvons avoir le même avantage en nous plaçant devant une glace. — Voy. Flaxbinder.

Dourga, monstrueuse divinité des Indiens. Voy. Fêtes religieuses de l’Inde.

Dourlet (Simone). Voy. Possédées de Flandre.

Douze, c’est un nombre heureux. Les apôtres étaient douze, dit Césaire d’Hesterbach, parce que le nombre douze est composé de quatre fois trois, ou de trois fois quatre. Ils ont été élus douze ajoute-t-il, pour annoncer aux quatre coins du monde la foi de la sainte Trinité. Les douze apôtres, dit-il encore, sont les douze signes du zodiaque, les douze mois de l’année, les douze heures du jour, les douze étoiles de la couronne de l’épouse. Les douze apôtres sont encore les douze fils de Jacob, les douze fontaines du désert, les douze pierres du Jourdain, les douze bœufs de la mer d’airain, les douze fondements de la Jérusalem céleste.

Drac, démon du rang des princes de l’enfer. Il se montra à Faust en manière de flamme bleue, avec une queue rougeâtre.

Drack, lutin du midi de la France. Dans certaines contrées, ce n’est, qu’un follet malin qui prend toutes sortes de formes et fait toutes sortes d’espiègleries. Dans d’autres, c’est un ogre. Voy. Ogres.

Draconites ou Dracontia. Pierre fabuleuse que Pline et quelques naturalistes anciens ont placée dans la tête du dragon. Pour se la procurer, il fallait l’endormir avant de lui couper la tête.

Dragon. Les dragons ont fait beaucoup de bruit ; et, parce que nous n’en voyons plus, les sceptiques les ont niés : mais Cuvier et les géologues modernes ont reconnu que les dragons avaient existé. C’est seulement une race perdue. C’étaient des sortes de serpents ailés. Philostrate dit que, pour devenir sorciers et devins, les Arabes mangeaient le cœur ou le foie d’un dragon volant. On montre auprès de Beyrouth le

 
Dragon
Dragon
 
lieu où saint Georges tua un monstrueux dragon ; il y avait sur ces lieux, consacrés par le courage de saint Georges, une église qui ne subsiste plus[2]. Il est fait mention de plusieurs dragons dans les
  1. Dans les Disquisitions magiques.
  2. Voyage de Monconis, de Thévenot et du P. Goujon.