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DUS
EAU
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semble et dans toutes leurs parties, élevant majestueusement leurs tours vers le ciel, et il ne me permettrait pas à moi de rendre sur la toile et en son honneur les portraits de ses saints envoyés, portraits que cependant je porte en mon âme ! » Albert se sent ému ; ses mains se rejoignent pour prier ; et en ce moment l’église de Saint-Sébald se colore de feu et de flamme ; des nuages bleus forment le fond sur lequel se dessinent les figures imposantes des quatre évangélistes. « Oh ! voilà, dit-il, les traits que j’ai en vain cherchés, qui échappaient à mon art débile ! » Il court à sa toile abandonnée, il saisit ses pinceaux et bientôt l’esquisse est terminée. Il ne sera pas difficile au grand artiste d’achever dignement son œuvre.

» Durer croyait et voyait. Voilà pourquoi il sut créer des chefs-d’œuvre d’une si pure spiritualité. Beaucoup de ceux qui voulurent marcher sur ses traces échouèrent souvent, non parce que le talent leur manquait, mais parce qu’ils n’avaient pas sa foi naïve et forte. Le ciel et ses merveilles restèrent cachés pour eux, derrière les sombres nuages du monde matériel[1]. »

Duses, démons de la nuit qui effrayent les Allemands par une sorte de cauchemar.

Duvernois. Voy. Rolande.

Dysers, déesses des anciens Celtes, que l’on supposait employées à conduire les âmes des héros au palais d’Odin, où ces âmes buvaient de la bière dans des coupes faites des crânes de leurs ennemis.

Dythican, démon prince qui se montra au docteur Faust sous la forme d’une perdrix colossale, avec le cou moucheté de vert.

Dzivogeon, femmes étranges, du genre des esprits élémentaires. Elles habitent plusieurs montagnes de la Russie.



E

Eatuas ou Atouas, dieux subalternes des (Haïtiens, enfants de leur divinité suprême, Taroataihétoomoo, et du rocher Lépapa. Les Eatuas, dit-on, engendrèrent le premier homme.

Ces dieux sont des deux sexes : les hommes adorent les dieux mâles, et les femmes les dieux femelles. Ils ont des temples où les personnes d’un sexe différent ne sont pas admises, quoiqu’ils en aient aussi d’autres où les hommes et les femmes peuvent entrer.

Le nom d’Eatua ou Atoua est aussi donné à des oiseaux, tels que le héron et le martin-pêcheur. Les (Haïtiens et les insulaires leurs voisins honorent ces oiseaux d’une attention particulière ; ils ne les tuent point et ne leur font aucun mal ; mais ils ne leur rendent pourtant aucune espèce de culte, et paraissent n’avoir à leur égard que des idées superstitieuses relatives à la bonne ou mauvaise fortune ; ainsi le peuple à demi dégrossi en a chez nous sur le rouge-gorge, sur l’hirondelle et sur quelques autres oiseaux.

Les Otaïtiens croient que le grand Eatua lui-même est soumis en certains cas aux génies inférieurs à qui il a donné l’existence, qu’ils le dévorent souvent, mais qu’il a toujours le pouvoir de se recréer.

Eau. Presque tous les anciens peuples ont fait une divinité de cet élément, qui, suivant certains philosophes, était le principe de toutes choses. Les Guêbres le respectent ; un de leurs livres sacrés leur défend d’employer l’eau la nuit et de jamais emplir tout à fait un vase d’eau pour la faire bouillir, de peur d’en renverser quelques gouttes.

Les cabalistes peuplent l’eau d’ondins et de nymphes. Voy. ces mots.

Eau amère (Épreuve de l’). Elle avait lieu ainsi chez les anciens Juifs : lorsqu’un homme soupçonnait sa femme en mal, il demandait qu’elle se purgeât selon la loi. Le juge envoyait les parties à Jérusalem, au grand consistoire, composé de soixante vieillards. La femme était exhortée à bien regarder sa conscience, avant de se soumettre au hasard de boire les eaux amères. Si elle persistait à dire qu’elle était nette de péché, on la menait à la porte du Saint des saints, et on la promenait afin de la fatiguer et de lui laisser le loisir de songer en elle-même. On lui donnait alors un vêtement noir. Un prêtre était chargé d’écrire son nom et toutes les paroles qu’elle avait dites ; puis se faisant apporter un pot de terre, il versait dedans avec une coquille la valeur d’un grand verre d’eau ; il prenait de la poudre du tabernacle, avec du jus d’herbes amères, raclait le nom écrit sur le parchemin et le donnait à boire à la femme, qui, si elle était coupable, aussitôt blêmissait ; les yeux lui tournaient et elle ne tardait pas à mourir[2] ; mais il ne lui arrivait rien si elle était innocente.

Eau ardente, renommée chez les sorciers d’autrefois. Elle prenait feu au contact d’une allumette enflammée : ce que fait l’eau-de-vie à présent.

Eau bénite. C’est une coutume aussi ancienne

  1. Nouvelle revue de Bruxelles. Février 1844.
  2. Leloyer, Histoire des spectres, liv. IV, ch. xxi.
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