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cours sur les superstitions qui se rattachent à la magie chez les anciens et chez les modernes. Beaucoup de faits intéressants mériteraient à ce livre une nouvelle édition ; mais l’auteur, fort jeune lorsqu’il le publia, lui a donné une teinte philosophique et peu morale que son esprit élevé et ses vastes études doivent lui faire désapprouver aujourd’hui. Une nouvelle édition serait donc recherchée.

Garnier (Gilles), loup-garou, condamné à Dôle, sous Louis XIII, comme ayant dévoré plusieurs enfants. On le brûla vif, et son corps, réduit en cendres, fut dispersé au vent. Henri Camus, docteur en droit et conseiller du roi, exposa que « Gilles Garnier avait pris dans une vigne une jeune fille de dix ans, l’avait tuée et occise, l’avait traînée jusqu’au bois de la Serre, et que, non content d’en manger, il en avait apporté à sa femme ; qu’un autre jour étant en forme de loup (travestissement horrible qu’il prenait sans doute pour sa chasse), il avait également tué et dévoré un jeune garçon, à une lieue de Dôle, entre Grédisans et Monotée ; qu’en sa forme d’homme et non de loup il avait pris un autre jeune garçon de l’âge de douze à treize ans, et qu’il l’avait emporté dans le bois pour l’étrangler…[1]. » C’est sans doute le même que Germar.

Garniza. Voy. Éléazar.

Garosmancie. Voy. Gastromancie.

Garuda, oiseau fabuleux qu’on représente souvent avec la tête d’un beau jeune homme, un collier blanc et le corps d’un aigle. Il sert de monture à Wishnou, comme l’aigle servait de

véhicule à Jupiter. Les Indiens racontent qu’il naquit d’un œuf que sa mère Diti avait pondu et qu’elle couva cinq ans.

Gaspard, démon qui servait Héliodore. Voyez ce mot.

Gastrocnémie, pays imaginaire dont parle Lucien, où les enfants étaient portés dans le gras de la jambe ; ils en étaient extraits au moyen d’une incision.

Gastromancie ou Garosmancie, divination qui se pratiquait en plaçant entre plusieurs bougies allumées des vases de verre ronds et pleins d’eau claire ; après avoir invoqué et interrogé les démons à voix basse, on faisait regarder attentivement la superficie de ces vases par un jeune garçon ou par une jeune femme ; puis on lisait la réponse sur des images tracées par la réfraction de la lumière dans les verres. Cagliostro employait cette divination.

Une autre espèce de gastromancie se pratiquait par le devin qui répondait sans remuer les lèvres, en sorte qu’on croyait entendre une voix aérienne. Le nom de cette divination signifie divination par le ventre ; aussi, pour l’exercer, il faut être ventriloque, ou possédé, ou sorcier. | Dans le dernier cas, on allume des flambeaux ! autour de quelques verres d’eau limpide, puis on agite l’eau en invoquant un esprit qui ne tarde pas à répondre d’une voix grêle dans le ventre du sorcier en fonction. Les charlatans trouvant dans les moindres choses des moyens sûrs d’en imposer au peuple et de réussir dans leurs fourberies, la ventriloquie doit être pour eux d’un grand avantage. Un marchand de Lyon, étant un jour à la campagne avec son valet, entendit une voix qui lui ordonnait, de la part du ciel, de donner une partie de ses biens aux pauvres, et de récompenser son serviteur. Il obéit et regarda comme miraculeuses les paroles qui sortaient du ventre de son domestique. On savait si peu autrefois ce que c’était qu’un ventriloque, que les plus grands personnages attribuaient toujours ce talent à la présence des démons. Photius, patriarche de Constantinople, dit dans une de ses lettres : « On a entendu le malin esprit parler dans le ventre d’une personne, et il mérite bien d’avoir l’ordure pour logis. »

Gâteau des rois. La part des absents, quand on partage le gâteau des rois, se garde précieusement ; dans certaines maisons superstitieuses, elle indique l’état de la santé de ces personnes absentes par sa bonne conservation ; une maladie, par des taches ou des ruptures.

Gâteau triangulaire de Saint-Loup. Le personnes superstitieuses font ce gâteau le 29 juillet, avant le lever du soleil ; il est composé de pure farine de froment, de seigle et d’orge, pétrie avec trois œufs et trois cuillerées de sel, en forme triangulaire. On le donne, par aumône, au premier pauvre qu’on rencontre, pour rompre les maléfices.

Gauchelin, prêtre du onzième siècle, qui eut une vision célèbre. C’était une immense troupe de défunts faisant leur pénitence et conduits par

  1. M. Jules Garinet, Hist. de la magie en France, p. 129.