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LÉC
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à ses braves, et que purifiés ils se préparent à la mort… Au moment où les troupes défilent en bon ordre, la tzarine Militza demande à son noble époux qu’au moins un de ses frères reste avec elle dans la forteresse de Kruschwatz. Ils refusent tous. Golabun, le serviteur, reste seul. Dès que l’aube du matin paraît, deux corbeaux messagers arrivent auprès de la tzarine qui se trouble ; puis le guerrier Milutine, couvert de dix-sept blessures et portant sa main gauche dans sa droite, vient lui conter comment l’illustre tzar, son époux, est tombé, comment est tombé le vieux lug, son père, comment sont tombés les neuf Iugowitz[1], et comment est tombé Milosch le waiwode.

« On n’avait pu retrouver sur la sanglante plaine la tête de Lazare. Un jeune Turc, né d’une Servienne, l’avait jetée dans une source d’eau vive ; elle y resta quarante ans, et elle brillait comme la lune sur l’eau. Tirée de là enfin et déposée sur le gazon, elle alla rejoindre son corps, qui fut déposé par les douze grands archevêques dans le beau monastère de Rawanitza en Macédoine, « fondé par Lazare de son propre argent, sans qu’il en coûtât un para ou une larme à son pauvre peuple[2] ».

Lazare (Denys), prince de Servie, qui vivait en l’année de l’hégire 788. Il est auteur d’un ouvrage intitulé les Songes, publié en 1686 ; 1 vol. in-8o. Il prétend avoir eu des visions nocturnes dans les royaumes de Stéphan, de Mélisch et de Prague.

Leaupartie, seigneur normand d’un esprit épais, qui fit paraître en 1735 un mémoire pour établir la possession et l’obsession de ses enfants et de quelques autres filles qui avaient copié les extravagances de ces jeunes demoiselles. — Il envoya à la Sorbonne et à la faculté de médecine de Paris des observations pour savoir si l’état des possédées pouvait s’expliquer naturellement. Il exposa que les possédées entendaient le latin ; qu’elles étaient malicieuses ; qu’elles parlaient en hérétiques ; qu’elles n’aimaient pas le son des cloches ; qu’elles aboyaient comme des chiennes ; que l’aboiement de l’une d’elles ressemblait à celui d’un dogue ; que leur servante Anne Néel, quoique fortement liée, s’était dégagée pour se jeter dans le puits : ce qu’elle ne put exécuter, parce qu’une personne la suivait ; mais que, pour échapper à cette poursuite, elle s’élança contre une porte fermée et passa au travers, etc. — Le bruit s’étant répandu que les demoiselles de Leaupartie étaient possédées, un curé nommé Heurtin, faible ou intrigant, s’empara de l’affaire, causa du scandale, fit des extravagances. Mgr de Luynes, évêque de Bayeux, le fit renfermer dans un séminaire ; et les demoiselles, ayant été placées dans des communautés religieuses, se trouvèrent immédiatement paisibles.

Lebrun (Charles), célèbre peintre, né à Paris en 1619, mort en 1690. On lui doit un Traité sur la physionomie humaine comparée avec celle des animaux, 1 vol. in-folio.

Lebrun (Pierre), oratorien, né à Brignolles en 1661, mort en 1729. On a de lui : 1o Lettres qui découvrent l’illusion des philosophes sur la baguette, et qui détruisent leurs systèmes, 1693, in-12 ; 2o Histoire critique des pratiques superstitieuses qui ont séduit les peuples et embarrassé les savants, 1702, 3 vol. in-12, avec un supplément, 1737, in-12.

Nous avons occasion de le citer souvent.

Lécanomancie, divination par le moyen de l’eau. On écrivait des paroles magiques sur des lames de cuivre, qu’on mettait dans un vase plein d’eau, et une vierge qui regardait dans cette eau y voyait ce qu’on voulait savoir, ou ce qu’elle voulait y voir. Ou bien on remplissait d’eau un vase d’argent pendant un « beau clair de lune ; ensuite on réfléchissait la lumière d’une chandelle dans le vase avec la lame d’un couteau, et l’on y voyait ce qu’on cherchait à connaître. — C’est encore par la lécanomancie que chez les anciens on mettait dans un bassin plein d’eau des pierres précieuses et des lames d’or et d’argent, gravées de certains caractères, dont on faisait offrande aux démons. Après les avoir conjurés par certaines paroles, on leur proposait la question à laquelle on désirait une réponse. Alors il sortait du fond de l’eau une voix basse, semblable à un sifflement de serpent, qui donnait la solution désirée. Glycas rapporte que Nectanébus, roi d’Égypte, connut par ce moyen qu’il serait détrôné ; et Delrio ajoute que de son temps cette divination était encore en vogue parmi les Turcs. Elle était anciennement familière aux Chaldéens, aux Assyriens et aux Égyptiens. Vigenère dit qu’on jetait aussi du plomb fondu tout bouillant dans un bassin plein d’eau ; et par les figures qui s’en formaient on avait réponse à ce qu’on demandait[3].

Lecanu (M. l’abbé), du clergé de Paris, auteur d’un livre intitulé « Histoire de Satan, sa chute, son culte, ses manifestations, ses œuvres, la guerre qu’il fait à Dieu et aux hommes ; magie, possessions, illuminisme, magnétisme, esprits frappeurs, spirites, etc. » In-8o, Paris, 1862.

Léchies, démons des bois, espèces de satyres chez les Russes, qui leur donnent un corps humain, depuis la partie supérieure jusqu’à la ceinture, avec des cornes, des oreilles, une barbe de chèvre ; et, de la ceinture en bas, des formes de bouc. Quand ils marchent dans les champs,

  1. Iugowitz, enfants de Iug.
  2. Extrait de comptes rendus par la presse périodique sur les légendes de la Servie.
  3. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, p. 268.