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et l’erreur. — Les rabbins content qu’il détrôna un jour Salomon ; mais que bientôt Salomon le chargea de fers, et le força de l’aider à bâtir le temple de Jérusalem. — Tobie, suivant les mêmes rabbins, l’ayant expulsé, avec la fumée du fiel d’un poisson, du corps de la jeune Sara qu’il possédait, l’ange Raphaël l’emprisonna aux extrémités de l’Égypte. Paul Lucas dit qu’il l’a vu dans un de ses voyages. On s’est amusé de lui à ce sujet ; cependant on a pu lire dans le Courrier de l’Egypte que le peuple de ce pays adore encore le serpent Asmodée, lequel a un temple dans le désert de Ryanneh. On ajoute que ce serpent se coupe par morceaux, et qu’un instant après il n’y paraît pas. Voy. Haridi.

 
Asmodée
Asmodée
 

Cet Asmodée est, au jugement de quelques-uns, l’ancien serpent qui séduisit Eve. Les Juifs, qui l’appellent Asmodai, faisaient de lui le prince des démons, comme on le voit dans la paraphrase chaldaïque. C’est aux enfers, dans Wierus, un roi fort et puissant, qui a trois têtes : la première ressemble à celle d’un taureau, la seconde à celle d’un homme, la troisième à celle d’un bélier. Il a une queue de serpent, des pieds d’oie, une haleine enflammée. Il se montre à cheval sur un dragon, portant en main un étendard et une lance. Il est soumis cependant, par la hiérarchie infernale, au roi Amoymon[1].

Lorsqu’on l’exorcise, il faut être ferme sur ses pieds, et l’appeler par son nom. Il donne des anneaux constellés ; il apprend aux hommes à se rendre invisibles et leur enseigne la géométrie, l’arithmétique, l’astronomie et les arts mécaniques. Il connaît aussi des trésors, qu’on peut le forcer à découvrir ; soixante-douze légions lui obéissent. On le nomme encore Chammadaï et Sydonaï. Asmodée était un des démons qui possédaient Madeleine Ravent.

Le Sage a fait d’Asmodée le héros d’un de ses romans (le Diable boiteux).

Asmund et Asweith, compagnons d’armes danois. Liés d’une étroite amitié, ils convinrent, par un serment solennel, de ne s’abandonner ni à la vie ni à la mort. Asweith mourut le premier et, suivant leur accord, Asmund, après avoir enseveli son ami, avec son chien et son cheval, dans une grande caverne, y porta des provisions pour une année et s’enferma dans ce tombeau. Mais le démon, qu’ils avaient probablement assez bien servi tous deux, étant entré dans le corps du mort, le remit debout et se mit à tourmenter le fidèle Asmund, le déchirant, lui défigurant le visage et lui arrachant même une oreille, sans lui donner de raisons de sa fureur. Asmund, impatienté après un siècle de lutte, coupa la tête du mort, voyant bien enfin qu’il avait affaire ou au diable ou à un vampire. — Sur ces entrefaites, précisément, le roi de Suède, Eric, passant devant la caverne murée et entendant du vacarme, crut qu’elle renfermait un trésor gardé par des esprits. Il la fit ouvrir, et fut bien surpris d’y trouver Asmund, pâle, ensanglanté, auprès d’un cadavre puant ; il lui fit conter son histoire, et le voyant mourir lui-même, aussitôt après son récit, il le fit percer d’un pieu et brûla son corps avec celui de son féroce compagnon[2] ; car alors déjà on connaissait les vampires, quoiqu’on ne leur donnât pas ce nom. Voy. Ghole.

Asmoug, l’un des démons qui, sous les ordres d’Arimane, sèment en Perse les dissensions, les procès et les querelles.

Asoors ou Asouras. C’est le nom que les Indiens donnent à certains mauvais génies qui font tomber les voyageurs dans des embûches.

Aspame. « Zorobabel était épris d’un si fol amour pour Aspame, qu’elle le souffletait comme un esclave et lui ôtait le diadème pour en orner sa tête, indigne d’un tel ornement, dit De-lancre ; elle le faisait rire et pleurer, quand bon lui semblait, le tout par philtres et fascinations[3]. » Les belles dames font tous les jours d’aussi grands excès et produisent d’aussi énormes stupidités, sans fascination et sans philtre.

Aspilcuetta
Aspilcuetta

Aspilcuetta (Marie d’), sorcière d’Andaye, dans le pays de Labour, sous le règne de Henri IV.

Elle fut arrêtée à l’âge de dix-neuf ans, et avoua qu’on l’avait menée au sabbat, que là elle avait baisé le derrière du diable au-dessous d’une grande queue, et que ce derrière était fait comme le museau d’un bouc[4].

Aspidomancie, divination peu connue qui se pratique aux Indes, selon quelques voyageurs.

  1. Wierus, in Pseudomonarchia dæmon.
  2. Saxo Grammat. Danicæ hist., lib. V.
  3. Incrédulité et mécréance du sortilège, etc.
  4. Incrédulité et mécréance, etc., traité V.