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BAG
BAI
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Sémiphoras, de me révéler… » (On indique ce qu’on veut savoir.)

Mais voici encore quelque chose sur cette matière, qui n’est pas épuisée. Nous empruntons ce qui suit au Quarterly Magazine :

« La baguette divinatoire n’est plus employée à la découverte des trésors, mais on dit que, dans les mains de certaines personnes, elle peut indiquer les sources d’eau vive. Il y a cinquante ans environ que lady Newark se trouvait en Provence dans un château dont le propriétaire, ayant besoin d’une source pour l’usage de sa maison, envoya chercher un paysan qui promettait d’en faire jaillir une avec une branche de coudrier ; lady Newark rit beaucoup de l’idée de son hôte et de l’assurance du paysan ; mais, non moins curieuse qu’incrédule, elle voulut du moins assister à l’expérience, ainsi que d’autres voyageurs anglais tout aussi philosophes qu’elle. Le paysan ne se déconcerta pas des sourires moqueurs de ces étrangers ; il se mit en marche suivi de toute la société, puis tout à coup s’arrêtant, il déclara qu’on pouvait creuser la terre. On le fit ; la source promise sortit, et elle coule encore. Cet homme était un vrai paysan, sans éducation : il ne pouvait expliquer qu’elle était la vertu dont il était doué, ni celle du talisman ; mais il assurait modestement n’être pas le seul à qui la nature avait donné le pouvoir de s’en servir. Les Anglais présents essayèrent sans succès. Quand vint le tour de lady Newark, elle fut bien surprise de se trouver tout aussi sorcière que le paysan provençal. À son retour en Angleterre, elle n’osa faire usage de la baguette divinatoire qu’en secret, de peur d’être tournée en ridicule. Mais en 1803, lorsque le docteur Hulton publia les Recherches d’Ozanam, où ce prodige est traité d’absurdité (t. IV, p. 260), lady Newark lui écrivit une lettre signée X. Y. Z., pour lui raconter les faits qui étaient à sa connaissance. Le docteur répondit,

 
 
demandant de nouveaux renseignements à son correspondant anonyme. Lady Newark le satisfit, et alors le docteur désira être mis en rapport direct avec elle. Lady Newark alla le voir à Woolwich, et, sous ses yeux, elle découvrit une source d’eau dans un terrain où il faisait construire sa résidence d’été. C’est ce même terrain que le docteur Hulton a vendu depuis au collège de Woolwich, avec un bénéfice considérable à cause de la source. Le docteur ne put résister à l’évidence lorsqu’il vit, à l’approche de l’eau, la baguette s’animer tout à coup, pour ainsi dire, s’agiter, se ployer, et même se briser dans les doigts de lady Newark.

On cite encore en Angleterre sir Charles H. et miss Fenwik comme étant doués de la même faculté que lady Newark, et à un degré plus élevé encore. Cette faculté inexplicable a une grande analogie avec celle qui distingue les Zahoris espagnols ; mais ceux-ci ne se servent pas de la baguette de coudrier. Voy. Bletton et Paramèle.

Baguette magique. On voit, comme on nous l’a dit, que toutes les fées ou sorcières ont une baguette magique avec laquelle elles opèrent. Boguet rapporte que Françoise Secrélain et Thévenne Paget faisaient mourir les bestiaux en l’es touchant de leur baguette ; et Cardan cite une sorcière de Paris qui tua un enfant en le frappant doucement sur le dos avec sa baguette magique.

C’est aussi avec leur baguette que les sorciers tracent les cercles, font les conjurations et opèrent de toutes les manières. Cette baguette doit être de coudrier, de la pousse de l’année. Il faut la couper le premier mercredi de la lune, entre onze heures et minuit, en prononçant certaines paroles. Le couteau doit être neuf et retiré en haut quand on coupe. On bénit ensuite la baguette, disent les formulaires superstitieux ; on écrit au gros bout le mot Agla †, au milieu On † ; et Tetragammaton † au petit bout, et l’on dit : Conjuro te cito mihi obedire, etc.

Bahaman, génie qui, suivant les Persans, apaise la colère, et, en conséquence, gouverne les bœufs, les moutons et tous les animaux susceptibles d’être apprivoisés.

Bahi (la). C’est le nom que donnent les Bohémiens à l’art de dire la bonne aventure dans la main. Voy. Main.

Bahir, titre du plus ancien livre des rabbins, où, suivant Buxtorf, sont traités les plus profonds mystères de la haute cabale des Juifs.

Bahman, deuxième Amschaspand.

Baïan. Wiérus et vingt autres démonographes comptent que Baïan ou Bajan, fils de Siméon, roi des Bulgares, était si grand magicien, qu’il se transformait en loup et en léopard pour épouvanter son peuple, qu’il pouvait prendre toute autre figure de bête féroce, et même se rendre invisible ; ce qui n’est pas possible sans l’aide de puissants démons, comme dit Nynauld dans sa Lycanthropie.

Baïer (Jean-Guillaume), professeur de théologie à Altorf, mort en 1729. Il a laissé une