Page:Jacques Roux à Marat.djvu/9

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Il est vrai que depuis 30 ans je me déchaîne contre la tyrannie, je me suis révolté contre les usurpations des nobles, contre l’hypocrisie de l’ancien clergé ; je n’ai pas ménagé, dans plusieurs de mes ouvrages, les sang-sues du peuple. Il est vrai que je n’ai jamais fait ma cour aux grands et aux hommes en place, que je n’ai jamais flatté les passions, et que j’ai dit des vérités difficiles à digérer. Il est vrai que je suis extrêmement sévère dans mes principes, que j’ai porté la sévérité au point de rejetter de ma classe de philosophie les parens de ceux qui me recevoient dans leurs maisons avec égard, parce qu’ils n’avoient pas la capacité requise. Il est vrai que mon amour pour la justice m’a suscité des ennemis irréconciliables, que le nombre de ceux qui étoient acharnés à ma perte, s’est prodigieusement accru depuis la révolution, depuis que j’ai conduit Louis Capet à l’échafaud, depuis que j’ai déclaré une guerre ouverte aux accapareurs et aux agioteurs, depuis que j’ai accusé d’indolence, et peut-être de trahison, ceux qui se disent les amis du peuple, et qui souffrent cependant qu’on l’égorge et qu’on l’affame. Il est vrai enfin que j’ai contre moi les nobles, les prêtres, les modérés, les marchands, les intriguans, les royalistes, les fédéralistes, les égoïstes, les monopoleurs, les banquiers, les traîtres, les faux patriotes des 48 sections de Paris, et des sections de la République ; mais, Marat, j’en appelle à ta propre expérience, tant d’outrages, tant de calomnies dont je suis abbreuvé, tant de moyens employés pour me perdre, n’attestent-ils pas que j’ai défendu avec énergie la cause du peuple ; n’attestent-ils pas que