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L’ÉCOLE DES MARIAGES

L’amoureux entrevit vaguement dans cet aveu une preuve de cette tyrannie familiale contre laquelle ses amis et lui déclamaient assez volontiers. Il s’exclama aussitôt, dans le premier sursaut de son indignation :

— Comment, monsieur, vous voulez empêcher votre fille de se marier ? Que faites-vous donc de sa liberté ? Pourquoi vous opposez-vous à ce qu’elle ait, elle aussi, sa part de bonheur ? Mais vous n’en avez pas le droit…

M. Diamanty s’était levé, et il marchait avec un peu de fièvre entre les meubles inhospitaliers et maussades, tendus du même cuir fauve et sombre que les murs ternes. Il piétinait nerveusement les rosaces du tapis. Ses sourcils froncés et sa bouche, qui se contractait, exprimaient une douleur qui aurait voulu rester secrète.

— Ah ! jeune homme, vous oubliez mon âge ! De quel droit venez-vous juger ma conduite ? Enfin, passons. Je vous excuse de me parler ainsi. Je comprends votre saisissement et votre douleur… Si vous aimez vraiment ma fille… il y a toujours un mouvement de révolte… Oui, je vous excuse…

— Enfin, monsieur, vous avez une raison en agissant avec cette dureté ; quelle est-elle ?

René parlait avec une violence têtue, passant, ainsi qu’il arrive chez les caractères faibles, de l’indécision la plus veule à la plus énergique colère.

M. Diamanty marchait toujours.

— Ah ! monsieur, j’aurais le droit de ne point vous répondre, surtout si vous le prenez sur ce ton-là. Mais, encore une fois, je comprends votre indignation et… je l’excuse. Eh bien ! puisqu’il faut tout vous dire, vous saurez tout… Mais, je vous en