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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/106

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LE RESTE EST SILENCE…

de lui adresser la parole. À me voir ainsi, tout seul, ne supposerait-elle point que j’avais volé cette pièce, ne me poserait-elle pas, à son sujet, mille questions gênantes ?

Ainsi mon imagination affolée me représentait avec angoisse tous les dangers que comportait cette expédition hasardeuse, où me conduisaient l’étourderie de ma mère et l’étrange tour qu’avaient pris les événements.

La miss s’en était allée, avec ses deux singes, et je restais toujours là, à la même place, n’osant rien demander. La marchande m’aperçut, vit mon trouble et m’adressa son plus gracieux sourire, en même temps qu’elle penchait son large visage barbu.

— Qu’y a-t-il pour votre service, mon petit monsieur ?

Je devins rouge et balbutiai :

— Je veux… deux sous de pain…

La marchande ne me demanda pas si j’étais un voleur et si j’avais acquis par effraction cette somme considérable. Sans