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LE RESTE EST SILENCE…

vite pour ne pas entendre ma mère crier :

— Lâche ! Tu viens d’être lâche une fois de plus… Tu t’en prends à ce pauvre enfant maintenant…

Je fus plus satisfait, maintenant que cette phrase me vengeait de mon humiliation. Certes, dans cette dispute, je ne savais qui avait raison. Mon instinct, ma tendresse, un mouvement obscur me jetaient du côté de ma mère, mais mon jugement était indécis. À présent, il prenait parti ; je n’ignorais plus où était le bon droit. Il était avec ceux qui n’insultent pas un enfant qui se désespère et souffre, sans rien y comprendre, de ce qui se passe.

Je traversai la salle à manger et me laissai tomber sur le canapé. Élise, qui desservait, s’approcha de moi…

— Qu’est-ce qu’il y a, monsieur Léon ?

Je fis un geste pour désigner la chambre d’où le tumulte des voix sortait toujours.

— Que voulez-vous ? ça devait arriver, dit-elle, philosophiquement. C’est bien fâcheux, à cause de madame, tout ça ! Pour