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LE RESTE EST SILENCE…

elle m’indiquait un passage de son doigt ganté, et je lisais, je lisais, avidement, sans aucun souci d’être en rapport avec l’office, puis, quand j’avais une grande avance, je m’arrêtais et tombais dans une méditation profonde. J’étais surtout vexé qu’on me défendît de parler et de tourner la tête quand j’entendais quelqu’un remuer derrière ma chaise.

Mais le plus terrible, le dimanche, c’était l’après-midi. Mon père avait des idées simples ; il voulait que sa femme mît sa plus belle robe et que nous sortissions ensemble. Elle était toute jeune et bien jolie, et il était fier de la montrer à son bras et d’avoir l’air de dire aux gens : « C’est moi, qui suis le mari de cette délicieuse créature… » Mais elle ne prenait pas le même plaisir que lui, elle était loin de partager sur la vie toutes ses opinions, — peut-être même n’en partageait-elle aucune, — et la raison pour laquelle ces deux êtres s’étaient réunis, Dieu seul la sait !

Nous allions donc errer là où les bourgeois du dimanche se réunissent, sous les