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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/55

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LE RESTE EST SILENCE…

mais qui éleva sa nièce avec un bizarre mélange de bon sens et de folie.

Elle était beaucoup plus âgée que son frère, et, quand ma mère eut vingt ans, craignant de mourir avant son établissement, elle chercha à la marier. Comme toujours, des amies, des prêtres, des vieilles filles s’entremirent. Coquette et sentimentale, mademoiselle Beleoudy était aussi pieuse, mais comme elle faisait toute chose, c’est-à-dire avec beaucoup de passion, et ne voyant dans la religion qu’apparitions, grâces exceptionnelles et miracles.

On présenta donc M. Meissirel, dont un vieux chanoine avait connu le père. Ma mère ne fut pas, je crois, très troublée par lui, et elle m’a raconté qu’elle hésita longtemps. Mais il avait une jolie situation, il était très amoureux et il sut se montrer persuasif, — ce fut, je crois, la seule fois de sa vie qu’il réussit à persuader quelqu’un, — et il aurait mieux valu peut-être qu’il ne fût pas ce jour-là plus éloquent que de coutume.

Ma grand’tante vieillissait, ma mère se