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LE RESTE EST SILENCE…

Maman, elle-même, parut se troubler une minute et roula autour de son doigt une bouclette de ses cheveux, avec plus de conviction que jamais. Mais elle eut une inspiration et s’écria :

— Y a-t-il longtemps que vous n’êtes allé chez Irma ?

Mon père vit le danger et ne sut pas le parer : du coup, cette question le désarçonna. Il visitait souvent, le soir, seul, sa sœur pour causer avec elle, et il nous l’avouait le plus rarement possible. Or, il ne savait guère mentir. Il balbutia qu’il s’y était rendu la veille, avant de rentrer.

— Oh ! alors, reprit ma mère, qui reconquit aussitôt et très brillamment toutes ses positions, je sais d’où vient ce nouveau potin.

Elle usa du mode ironique :

— Aussi, je me disais : « Joseph n’est pas observateur. D’où lui vient cette perspicacité inouïe ? Il pénètre maintenant le fond des consciences, il voit tout, même et surtout ce qui n’existe pas… » Je comprends maintenant : c’est encore à la bien-