Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/57

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VII

Bien entendu, il nous fallut plus d’un entretien comme celui-ci pour nous pénétrer de ce que avec quoi il nous fallait vivre de notre mieux, désormais : ma terrible réceptivité des visions du genre dont il a été donné de si saisissants exemples, et la connaissance, maintenant acquise par ma compagne, — connaissance faite à la fois de consternation et de pitié, — de cette réceptivité.

Ce soir-là après la révélation qui m’avait laissée prostrée pendant près d’une heure, il n’y avait eu qu’un petit office de larmes, de vœux, de prières et de promesses, apogée d’une série de serments et d’engagements mutuels, directement issue de notre retraite à la salle d’études, où nous nous étions enfermées pour nous expliquer à fond. Le résultat de cette explication fut simplement de réduire la situation à l’extrême rigueur de ses éléments. Elle, pour son propre compte, n’avait rien vu, pas l’ombre d’une ombre, et, en dehors de l’institutrice, personne, dans la maison, n’avait à subir l’épreuve. Cependant, sans paraître douter de ma raison, elle accepta la vérité, telle que je la lui affirmais, et, finalement, elle me témoigna, en cette circonstance, une tendresse mêlée de crainte, une déférence envers mon douteux privilège, dont le souffle léger demeure en ma mémoire comme la caresse de la plus exquise des charités humaines.