Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/60

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C’était le genre de Quint… de jouer avec lui… je veux dire, de le gâter. — Elle se tut, un instant, puis ajouta : — Quint prenait trop de libertés. »

À ces mots, évoquant subitement une vision de son visage, — de quel visage ! — j’éprouvai une nausée de dégoût.

« Des libertés avec mon garçon !

— Des libertés, avec tout le monde ! »

Pour le moment, je renonçai à analyser cette déclaration, et je me fis simplement la réflexion qu’elle pouvait s’appliquer à plusieurs membres de la maisonnée, à la demi-douzaine de servantes et de valets qui appartenaient encore à notre petite colonie. Mais il y avait pourtant un motif de crainte dans ce fait, en lui-même heureux, qu’aucune histoire gênante, aucune perturbation ancillaire n’avait, de mémoire d’homme, existé dans la bonne vieille demeure. Elle n’avait ni mauvais renom, ni réputation scandaleuse, et Mrs. Grose, bien évidemment, ne désirait que se cramponner à moi et frissonner en silence. Je la mis cependant à l’épreuve, au dernier moment de la journée. Il était minuit, elle avait la main sur le bouton de la porte, dans la salle d’études, pour prendre congé.

« Ainsi, vous m’assurez — c’est d’une très grande importance — que sa conduite était indiscutablement mauvaise, et que c’était une chose admise ?

— Oh ! ce n’était pas une chose admise. Moi, je savais… mais pas notre maître.

— Et vous ne l’en avez jamais informé ?

— Oh bien ! il n’aimait pas les rapporteurs, détestait les plaintes. Il coupait court à toutes les affaires de ce genre, et si on remplissait son devoir envers lui…

— Il ne voulait pas être ennuyé avec le reste ? »

Ceci cadrait assez bien avec l’impression qu’il m’avait donnée : ce n’était pas un monsieur à rechercher les tracas, et il n’était pas toujours très difficile en ce qui concernait quelques personnes de son entourage.