Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/79

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qu’elle lui dit — je finis par le lui arracher — fut qu’elle aimait bien voir les jeunes messieurs ne pas oublier leur rang.

Après cela, je tins encore davantage à lui arracher la suite.

« Vous lui avez rappelé que Quint n’était qu’un vulgaire mercenaire ?

— Si vous voulez ! Et sa réponse, en premier lieu, ne fut pas belle.

— Et en second lieu ? — J’attendis. — Il répéta à Quint vos paroles ?

— Non. Pas ça. C’est justement ce qu’il n’aurait fait pour rien au monde. — Elle tenait à me le faire remarquer. — En tout cas, reprit-elle, je suis certaine qu’il ne les répéta pas. Mais il nia certaines circonstances.

— Quelles circonstances ?

— Celles où ils se comportaient comme si Quint était son précepteur, — et un précepteur de haute volée, — et comme si miss Jessel n’était chargée que de la petite demoiselle. Je veux dire quand il s’en allait avec cet individu et passait des heures entières avec lui.

— Il a éludé votre question ? Il a dit qu’il ne l’avait pas fait ? »

Son acquiescement fut assez clair pour me permettre d’ajouter un moment après :

« Je vois : il a menti.

— Oh ! » murmura Mrs. Grose.

Ce murmure suggérait que la chose importait peu, et elle le fortifia de la remarque suivante :

« Voyez-vous, après tout, c’était indifférent à miss Jessel, elle ne lui défendait pas. »

Je réfléchis.

« Vous présenta-t-il cela comme une justification ? »

Elle lâcha pied, encore une fois.

« Non, il ne m’en a jamais parlé.

— Il ne vous a jamais parlé d’elle par rapport à Quint ? »