Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/581

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propagande faite par ses membres a pour but de pousser le peuple au mouvement ; que, pendant que les uns feront la propagande dans les campagnes et les fabriques, d’autres tâcheront d’organiser des bandes armées, pour faire de la propagande armée ». Nous avons publié dans le Bulletin du 6 mai un extrait de ces statuts, où se trouve textuellement ce passage.

On voit que le Vorwärts a un nouveau mensonge sur la conscience ; mais ses rédacteurs sont devenus si coutumiers du fait, qu’on finira par ne plus y prendre garde.


Le 20 mai, deux Congrès eurent lieu simultanément en Belgique : à Jemappes se réunirent les délégués de la Fédération belge de l’Internationale, à Malines s’assemblèrent des délégués flamands, qui voulaient travailler à la constitution d’un « Parti ouvrier belge ».

Le Congrès de Jemappes s’occupa d’abord du choix de la ville où aurait lieu le Congrès universel des socialistes ; le délégué de la fédération de la vallée de la Vesdre proposa Verviers, mais la majorité, par esprit de conciliation, se prononça pour Gand. Une section de Bruxelles avait fait mettre à l’ordre du jour cette question : « De l’attitude de l’internationale en face du mouvement qui se fait dans le pays » : la résolution prise à ce sujet fut que « l’Internationale appuierait tout mouvement populaire, mais ne ferait pas de politique parlementaire » ; et que « la Fédération belge de l’Internationale continuerait d’exister vis-à-vis de l’Union ouvrière socialiste belge ».

Le Congrès flamand de Matines, composé de vingt-huit délégués, fut présidé par Ph. Coenen, d’Anvers. L’ordre du jour portait : « Formation d’un Parti ouvrier belge ». Une discussion s’engagea sur le point de savoir si l’organisation qu’il s’agissait de fonder devait s’appeler Union ouvrière socialiste belge, comme l’avait décidé le Congrès de Gand, ou Parti ouvrier socialiste belge, comme le demandaient les politiciens flamands. Cette discussion, en apparence insignifiante, avait en réalité une certaine importance ; le délégué des Tisserands réunis, De Wachter, dit qu’il avait mandat impératif de voter pour le nom d’Union, et il insista pour que ce nom fût conservé, parce qu’il craignait, sans cela, une scission entre Wallons et Flamands. Néanmoins, la majorité du Congrès (14 délégués) se prononça en faveur du nom de Parti. Il y avait évidemment un mot d’ordre auquel on obéissait[1]. Un télégramme fut reçu du Congrès de l’Arbeiterbund suisse, réuni au même moment à Neuchâtel ; il disait : « Frères, nous saluons la constitution du Parti socialiste dans la Belgique flamande ». Un projet de statuts pour le Parti socialiste belge fut discuté et adopté, et les Flamands s’engagèrent à le défendre au Congrès qui devait se réunir à Bruxelles en juin[2].


À la fin de mai, nous recevions la lettre suivante :


Prisons de Patras, 15/27 mai 1877.

À la rédaction du Bulletin.

Les suivants : Denys Ambelikopoulo, Constantin Bobotis, Alexandre Efmorphopoulo, Constantin A. Grimani. nous sommes en prison à cause

  1. En 1876, comme on l’a vu p. 50, s’était constitué aux États-Unis, pour remplacer l’Internationale morte entre les mains de Sorge, un « Parti ouvrier des États-Unis » (Arbeiterpartei der Vereinigten Staaten) ; depuis 1875 il y avait en Allemagne un « Parti ouvrier socialiste allemand », et sur ce modèle « on » voulait organiser en Belgique — comme « on » l’avait fait en Portugal, en Suisse, en Hollande — un « Parti ouvrier belge » destiné à absorber ou à supplanter l’Internationale.
  2. Dans son livre Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique, Louis Bertrand, qui donne des détails parfois minutieux sur les années 1876, 1877 et 1878, ne mentionne pas le Congres flamand de Malines. Pourquoi ?