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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/172

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Berne, nous descendîmes pendant une heure environ, et arrivâmes à Renan, premier village du Val de Saint-Imier. Trois quarts d'heure après, nous atteignions Sonvillier, et nous surprenions l'ami Adhémar Schwitzguébel en train de se faire la barbe. Après nous être reposés un moment, nous continuâmes notre marche, accompagnés d'Adhémar, jusqu'à Saint-Imier, grand village d'environ six mille habitants (à cette époque), à trois kilomètres de Sonvillier. À Saint-Imier, quelques amis de Schwitzguébel nous attendaient, et, comme il était midi, nous dînâmes tous ensemble pour faire connaissance. Dans l'après-midi eut lieu une réunion des membres de l'Internationale, à laquelle assistèrent entre autres un vieux médecin, brave homme et fervent botaniste, le docteur Simmen, et un jeune notaire ambitieux, Boy de la Tour, qui ne resta pas longtemps dans nos rangs. Nous exposâmes nos vues et nos désirs, et nous eûmes le plaisir de nous trouver immédiatement en parfait accord avec les camarades du « Vallon » ; ils promirent de se faire représenter au meeting que nous convoquions pour le 30 et qui devait avoir lieu à l'hôtel de la Croix-Fédérale, sur le Crêt-du-Locle, entre le Locle et la Chaux-de-Fonds. À sept heures et demie, nous prîmes congé de nos amis, et la poste nous conduisit à la gare des Convers, d'où Spichiger et moi rentrâmes au Locle à onze heures du soir.

Il s'agissait d'obtenir aussi le concours des Genevois. J'écrivis à Bakounine quelques jours après pour réclamer sa présence, ainsi que celle de Perron et de Heng ; il me répondit par la lettre suivante :


Ce 22 mai 1869.

Cher ami, je ne demande pas mieux que de venir et je viendrai assurément, si tu veux et peux m'aider à emprunter une trentaine de francs pour le terme d'un mois, faute de quoi, malgré toute ma bonne volonté, il me sera impossible de venir prendre part au combat si intéressant que la Révolution et la Réaction masquée en coopération vont se livrer entre la Chaux-de-Fonds et le Locle.

S'il est possible, arrange aussi les choses de manière à ce qu'on envoie vingt et quelques francs, soit du Locle, soit de la Chaux-de-Fonds, à titre d'emprunt, à Heng.

Quant à Perron, selon toutes les probabilités il ne viendra pas.

Je t'embrasse. Réponds-moi.

Ton dévoué, M. B.


L'argent fut trouvé, et la venue de Bakounine et de Heng fut ainsi assurée.


Le n° 10 du Progrès (15 mai) contenait un article dans lequel je cherchais à montrer combien on se trompait lorsqu'on croyait avoir trouvé, dans la substitution du système des milices à celui des armées permanentes, la panacée qui devait délivrer les peuples de la guerre et de la servitude. En voici les principaux passages :


Milices et armées permanentes.

... Nous devons avouer que nous ne partageons point cette admiration sans bornes pour le système militaire de la Confédération suisse ; et même, que, pour nous, la différence entre une armée permanente et une armée de milices est si petite, que c'est comme s'il n'y en avait absolument aucune.

... La gloriole militaire, cette lèpre destructive de la liberté et de l'égalité, n'existe-t-elle que dans les pays qui sont affligés d'armées permanentes ? De bonne foi, pouvons-nous nier que le peuple suisse en soit aussi profondément atteint ? N'avons-nous pas, tout comme nos voisins, nos traîneurs de sabre, nos petits officiers fringants, nos