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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/369

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servons contre cette même bourgeoisie, qui nous a affranchis du joug féodal, mais qui veut aujourd'hui nous tenir sous le joug de la finance.

Et s'il arrivait un jour que les libertés nécessaires pour continuer notre propagande vinssent à nous manquer ; si le gouvernement voulait essayer de supprimer nos journaux, d'empêcher nos meetings, de dissoudre nos Sections, — alors ce serait le moment d'agir et de défendre les droits menacés. Et les gouvernements verraient alors qu'il faut compter avec nous.

Mais, d'ici là, pourquoi dépenser notre activité dans les luttes électorales ? pourquoi prendre au sérieux les comédies gouvernementales de la bourgeoisie ? pourquoi donner, à tous ces intrigants politiques qui se disputent le pouvoir, l'appui de notre force et de notre honnêteté ? — Non, non, ouvriers : notre place n'est pas autour de l'urne du scrutin ; elle est dans les Sections de l'Internationale, où nous avons à discuter des intérêts qui nous touchent de bien plus près que toutes les combinaisons politiques des partis bourgeois.

Voyez ce qui se passe en France, et l'exemple que nous donnent les ouvriers de ce pays. Un moment ils se sont laissé prendre à cette illusion, qu'en envoyant des représentants au Corps législatif ils serviraient la cause du travail. Aussi, il y a un an, ils avaient donné leurs voix aux députés de la gauche. Aujourd'hui quelle est l'attitude des ouvriers français ? Convaincus par l'expérience qu'il n'y a rien à attendre ni du gouvernement, ni de la gauche, ni d'aucun parti politique, ils ont adopté une tactique nouvelle ; et en face du plébiscite, à l'empire qui leur crie : Votez oui, — à la gauche qui leur crie : Votez non, ils répondent ce seul mot : Abstention.

Est-ce à dire que les ouvriers français soient disposés à supporter patiemment l'empire à perpétuité ? C'est tout le contraire. Ils ne veulent ni de cet empire qui les a fusillés en décembre 1851, ni de cette république bourgeoise qui les a fusillés en juin 1848 : ils ne veulent plus d'aucun gouvernement quel qu'il soit ; ils veulent la destruction de l'État, l'avènement de l'égalité sociale. Et dans leur bouche comme dans la nôtre, Abstention signifie Révolution.


La loi sur les fabriques à Zurich.
(Solidarité du 7 mai 1870.)

Le dimanche 24 avril, le peuple zuricois devait voter sur une loi qui réglait les conditions du travail dans les fabriques, et qui mettait en particulier un frein à l'odieuse exploitation des femmes et des enfants.

La loi a été rejetée par 26.981 voix contre 18.289 grâce aux manœuvres ignobles du parti bourgeois.

La Tagwacht, qui nous apprend ce résultat, constate en même temps « que c'est dans les districts industriels que la majorité contre la loi a été la plus forte », c'est-à-dire que la loi a été rejetée par les ouvriers eux-mêmes.