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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/411

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tembre prochain à Mayence ». Le 12 juillet, le Conseil général adopta une liste de sept questions (abolition de la dette publique ; rapports entre l’action politique et le mouvement social de la classe ouvrière ; conversion de la propriété foncière en propriété sociale ; conversion des banques en banques nationales ; production coopérative sur une échelle nationale ; statistique générale du travail ; moyens d’abolir la guerre) qui devaient former le programme du Congrès de Mayence. Mais la situation s’étant modifiée en Allemagne et en France, il était à craindre, non pas que le Congrès ne put avoir lieu, mais que Marx et ses amis ne fussent pas assurés d’y avoir la majorité ; et alors le meneur du Conseil général écrivit à son lieutenant Becker ce qui suit[1] : Le Congrès ne pourrait se réunir avec sécurité ni à Amsterdam[2] ni à Mayence ; le mieux serait de l’ajourner. L’Allemagne, faute d’argent, ne pourrait y être suffisamment représentée ; les Sections françaises sont dispersées ; « en sorte qu’on courrait le danger que certains agents pussent de nouveau y obtenir une majorité factice : car pour des manœuvres de ce genre ils savent toujours trouver des ressources ; d’où ? c’est leur secret[3]... Bakounine a dans le Conseil général belge un instrument fanatique ; nos amis russes de Genève, particulièrement Outine, doivent en conséquence entrer en campagne contre Bakounine avec une brochure polémique[4] (mit einer geharnischten Brochure gegen denselben ins Feld ziehen). »

Si le Congrès avait eu lieu, en effet, — à supposer que les événements de la guerre, en se précipitant, n’eussent pas rendu sa réunion impossible, — il est probable que l’esprit qu’y auraient apporté le plus grand nombre des délégués eût été de nature à déplaire très fort à Marx. Voici ce que disait à ce sujet la Federacion de Barcelone, dans un article dont la traduction parut dans la Solidarité du 3 septembre :


Nous ne savons pas si le Congrès pourra avoir lieu ;… néanmoins nous croyons utile d’exprimer en peu de mots notre opinion sur les questions mises par le Conseil général à l’ordre du jour.

Les cinq premières et la septième sont dans une si étroite corrélation avec la seconde, que de la solution donnée à celle-ci dépendra également la solution des autres. Quant à la sixième (statistique), elle peut être considérée à part.

Nous avons dit que la solution des autres objets à l’ordre du jour dépend de la manière dont sera résolue la seconde question, des rapports entre l’action politique et le mouvement social de la classe ouvrière. Il est clair que les délégués espagnols voteront conformément à la décision prise par le Congrès régional de Barcelone, et nous ne doutons pas que le Congrès international n’adopte une décision analogue. Comment pourrait-il en être autrement, puisque cette décision est l’expression des idées de nos frères de Suisse et de Belgique, puisque le Congrès des Sections allemandes à Stuttgart au mois de juin a voté une résolution dans le même sens, en déclarant qu’il fallait renoncer à influer sur la politique et garder une attitude négative ? Toute la différence entre les deux résolutions consiste en ceci, que le Congrès de Stuttgart a fixé la politique (ce qui veut dire ici la tactique la marche, la conduite) du parti de la démocratie socialiste, tandis que le Congrès de Barcelone a laissé complète

  1. D’après le résumé publié par R. Ruegg dans la Neue Zeit, 1888, p. 507.
  2. Il paraît donc qu’on avait envisagé l’éventualité de la réunion du Congrès en Hollande.
  3. En français dans le texte.
  4. Littéralement : « une brochure armée de pied en cap ».