Page:Jametel - La Corée avant les traités, souvenirs de voyages.djvu/51

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embarcations que porte le ***. Quant à moi, profane en matières de constructions navales, je n’ai qu’à écouter ces savantes dissertations, dont je ne comprends que fort peu de chose, mais qui m’apprennent cependant un nouveau sens, tout scientifique celui-là, du mot volage, qualification que messieurs les marins donnent à toutes les chaloupes qui se laissent aller facilement à ce mouvement de balançoire, appelé roulis par les gens du métier, si pénible aux estomacs délicats. Si je crois devoir faire ici le pédant et apprendre aux autres ce que j’ai appris moi-même, c’est pour éviter au lecteur de s’en aller, comme on dit, chercher midi à quatorze heures, en entendant un marin parler d’un bateau volage car nous doutons qu’il trouve, dans le dictionnaire de l’Académie française, à ce dernier mot : « chaloupe qui roule facilement. »

Heureusement que, pendant cette discussion, j’ai pour me distraire le charmant spectacle du lever du soleil sur la baie. Au moment où nous avions quitté le bord, l’astre du jour éclairait seulement le sommet de la petite île du Daim, dont le pied restait plongé dans l’ombre ; plus nous avançons, et plus la lumière se fait sur l’îlot désert. La ligne de démarcation entre le vif éclat du jour et la teinte indécise de l’aurore descend, descend toujours, ainsi que la limite des neiges s’abaisse vers les vallées, sur le flanc des montagnes, avec la venue de l’hiver.

Au débarcadère, nous trouvons deux agents de police japonais, un guide interprète, une douzaine de porteurs coréens pour nos bagages, et huit petits chevaux pour nous tous, agents interprètes et touristes. D’abord le débarquement de nos, colis, leur chargement sur le dos des coolies coréens nous retient pendant une grande demi-heure. Ces derniers placent leur fardeau sur un crochet, fait en bambou, fort semblable à ceux de nos commissionnaires ; seulement, au lieu de le porter avec deux bretelles passant sur les épaules, ils ne le maintiennent sur leur dos qu’en penchant le haut du corps en avant, et à l’aide d’une courroie qui part du haut du crochet et vient passer sur le front du porteur.

En sortant de la concession, nous prenons la même route, qui borde le bord de la baie, et que nous avons déjà parcourue pour nous rendre à Fou-sang. Seulement, comme nous voyageons, cette fois, sérieusement, nous abandonnons les rênes sur le cou de nos montures, afin de ne perdre aucun détail de la contrée que nous traversons. Au reste, en agissant ainsi, nous faisons un peu contre