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Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/248

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en rebondissant, légèrement, sur leurs blanches sandales.
Et les filles arrivent et se mêlent à eux.
Elles posent à terre des paniers pleins d’œufs
et, sérieusement et douces, elles dansent.

Ce n’est qu’un calme, avec des mouches silencieuses
qui tournent au soleil dans l’azur accablant
et, là-bas, du côté du foirail en feu blanc,
un âne aux dents jaunes brait sous les tranquilles cieux.

Les enfants regardent luire dans de belles fioles
des bonbons tout suants et doux à la salive,
et l’on voit passer de bien élégantes filles,
aux doux cheveux noirs et luisants, aux jupes sonores.

Elles causent avec les doux adolescents
qui tiennent l’aiguillon qui piquera la croupe
des bœufs au front barré, qui l’un à l’autre s’arc-boutent,
les jambes obliques, pour traîner les chars criants.

Le retentissement des auberges s’enflamme.
Le café est versé sur les tables de bois.
Les pactes se concluent et lents, magnifiques et graves,
les pères des maisons et les jeunes fils boivent.