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FEUILLES DANS LE VENT

Bordeu… Ce pommier fleuri me fait penser au verger de Daudet… Figurez-vous, mon cher, Daudet me mène dans son jardin… Y me dit : — S’pas, Carrière ? J’ai de beaux pommiers, toutes les espèces, mon cher, toutes les espèces possibles et maginables. Jui réponds : — Vous avez raison, Daudet !… C’t épatant. Moi aussi, j’ai un jardin… S’pas Daudet ?… J’ai un jardin, mon cher… J’ai des pommes, mais je n’ai qu’un pommier ! Daudet continue à me faire faire le tour du propriétaire. Il me montre un champ de rosiers : — S’pas, Carrière ? C’est un’ belle collection ? J’ai là plus de trois cents variétés… la France… le Prince Noir… la Duchesse de Berry… Que sais-je ?… C’est magnifique… S’pas, Carrière ?… — Certainement, Daudet. C’t épatant… Moi aussi, mon cher, j’ai des roses, mais je n’ai qu’un rosier ! — Attendez, Carrière ! Vous n’avez pas vu mes cerisiers… Ils sont admirables… Là-bas… voyez ?… tout ça… c’est des cerisiers. — C’t épatant, Daudet, s’pas ? Vous êtes un homme admirable. Mon cher, moi aussi, j’ai des cerises, mais je n’ai qu’un cerisier !