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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/109

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M. d’Astin va doucement. À chaque pas sa jambe de bois décrit un demi-cercle. Lui-même sourit de sa lenteur :

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point, dit le fabuliste… Ah ! ma petite Clara…

Tout infirme qu’il est, M. d’Astin est délicieux. De son chapeau haut de forme gris sort, pour se relever contre l’oreille, un épais flocon de cheveux d’une blancheur étincelante. Dans sa cravate de soie noire à triple tour, son cou garde une roideur charmante et altière. Sa jaquette, couleur de prairie sombre, tombe régulièrement sur un pantalon de même teinte, et un escarpin verni, que recouvre une guêtre verte, chausse son unique pied.

M. d’Ellébeuse porte un habit bleu très serré à la taille. Il donne le bras à Mme d’Étanges, dont la robe est de Flandre grise, ornée d’olives d’ivoire. Un fichu de dentelle noire recouvre ses bandeaux blancs.

Mme d’Ellébeuse est coiffée d’un chapeau de paille de riz à rubans ivoire et roses, orné de feuillages des eaux et de tubéreuses. Un fichu-berthe recouvre ses épaules rondes.

La journée est sereine comme le furent les précédentes, et les bois semblent endimanchés.

L’humble église éclate d’une sainte lumière.