Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/127

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ainsi… Je la trouve extrêmement jolie. Et vous ?

— Oh !… Moi, si j’étais poète comme vous ou comme Almaïde de Fleureuil, je saurais bien… Je parlerais…

— Qui est Almaïde de Fleureuil ?

— Une grande du couvent…

— De quoi parleriez-vous ?

— Je parlerais des contrevents, de la rouille et des vieilles fleurs… Il y a de vieilles fleurs qui souffrent d’être seules, parce qu’elles ont appartenu à des personnes mortes… comme dans ce jardin… On se figure les personnes… Elles étaient bonnes et causaient le soir quand il faisait tiède… Est-ce que vous voudrez écrire cela dans vos poésies, dites, monsieur Roger ? Elles sont belles, belles, vos poésies… Moi, je suis une petite enfant dont vous riez… Cela me donne envie de pleurer… Tenez… J’ai cueilli ces fleurs pour vous… Tenez…

Et Clara d’Ellébeuse, d’un geste brusque et maladroit, jette les fleurs aux pieds de Roger. Celui-ci sourit et dit à l’enfant :

— C’est bien gentil, cela, ma petite amie. Je ferai des vers sur ces fleurs et les enverrai, pour vous, à votre maman…

Mais tout à coup il cesse de parler, surpris… Il se tourne vers Clara d’Ellébeuse, pensant qu’elle rit, la tête dans les bras. Il écarte doucement l’une