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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/143

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que naissent les enfants ? C’est par des embrassements que la malheureuse Laura est devenue grosse ? Ah ! Savais-je cela, misérable que je suis !

Quelle coupable folie s’est emparée de mon âme lorsque, près de la maison fermée, j’ai serré passionnément Roger dans mes bras ?…

… Mais pourtant, papa bien souvent m’a serrée dans ses bras ?… Oui, sans doute. Mais Dieu ne permet point qu’on ait jamais d’enfant avec son père ni avec ses frères, ni avec ses parents… Avec ses cousins… oui, puisqu’on les épouse ?…



De ce jour, commence pour Clara, une lente agonie. Rien ne l’instruit de son erreur, pas même, tant elle est ignorante, les plus rassurantes des preuves. Sa mère l’est venue voir, l’a interrogée sur son mal, mais en vain. Clara d’Ellébeuse a passé dix jours à la maison, et sa gaieté n’est point revenue. Même elle a redemandé le couvent. Elle a erré souffrante, dans les greniers où s’abritèrent les jeux de son enfance. Son père, roulant au fond de sa pensée le terrible secret de la folie de plusieurs d’Ellébeuse, essaye de chasser l’abominable crainte.