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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/145

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nuit une nouvelle mort ; non, pas même une mort, mais quelque chose de plus affreux que la vie.

Un jour, MM. d’Ellébeuse et Fauchereuse vont ensemble au couvent rendre visite à leurs filles. Elles arrivent, l’une dépérie et pâle, l’autre pleine de joie et de santé. Au bout d’un quart d’heure, M. Fauchereuse congédie Lia et, se tournant vers Clara d’Ellébeuse :

— Est-ce que vous souffrez, mon enfant ?… Dites ? D’où souffrez-vous ?

Ah ! comme elle est prête à confesser son crime ! Mais une pudeur la retient… Devant un autre médecin, oui, peut-être eût-elle crié, dans un sanglot, sa faute imaginaire… Mais devant celui-ci, non, jamais… celui-ci, qui est le père de Roger… Roger n’a point commis de faute… Elle seule est responsable de ce crime. Une invincible pudeur la retient… Elle répond :

— Mais je ne souffre pas… J’ai la fièvre.

Et les deux hommes se retirent. Et la grille du couvent franchie, un long sanglot monte de la poitrine de M. d’Ellébeuse.

— Calmez-vous, mon pauvre ami, lui dit M. Fauchereuse. Il est de ces maux de nerfs, fréquents chez les jeunes personnes, qui disparaissent aussi subitement qu’ils sont venus… Je ne crois pas à un danger immédiat… L’enfant est forte… d’une