Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/147

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paons sont perchés sur la margelle, et que le soleil lui brûle la tête.

Il naîtra nu, se dit-elle… L’enfant Jésus avait de la paille.

Et, tandis qu’elle s’attendrit à la pensée du nouveau-né divin, une sourde rancune l’emplit contre Dieu le Père. Oh ! il est mauvais, s’écrie-t-elle. Mais, effrayée bientôt de son blasphème, elle courbe son âme et prie.

Une visite, surtout, la comble d’amertume, celle de son vieil ami M.  d’Astin qui, la sachant malade, la vient voir. Il entre péniblement au parloir, lui apportant avec un bon sourire un panier de ces jolies nèfles dont elle raffolait quand elle se portait bien. Elle est si touchée de cette attention qu’un sanglot la secoue. Le vieux gentilhomme, suffoqué par sa propre émotion, tend les bras à l’enfant pour qu’elle s’y jette un moment et s’y apaise.

Mais soudain Clara d’Ellébeuse se lève, les sourcils froncés, les yeux hagards :

— Pas d’embrassements, lui crie-t-elle… Vous êtes un misérable… Vous voulez me déshonorer.