Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/148

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M. d’Astin sait taire à la famille la phrase, indice d’une folie terrible, pense-t-il, qui a échappé à l’enfant, mais il insiste, sans s’expliquer, pour que la couventine soit replacée au grand air. Clara d’Ellébeuse est ramenée chez elle.

M. Fauchereuse, avec une bonne grâce charmante, vient souvent passer l’après-midi à Balansun ; mais l’inexplicable mal dont souffre la jeune fille, et qu’il étudie attentivement en silence, ne s’éclaire pas davantage à ses yeux.

Peut-être, se dit-il, sont-ce des troubles de la circulation, des arrêts fréquents à cet âge ? Il interroge Mme d’Ellébeuse ; mais celle-ci déjà s’est inquiétée de ces moments, et la certitude lui est acquise de leur absolue régularité, dont ne peut, hélas ! se rassurer l’ignorance de la pauvre enfant.

Clara d’Ellébeuse ne parle plus que lorsqu’on l’interroge, et brièvement.

Elle se lève tous les jours à la même heure, et va prier de grand matin à l’église où elle n’entre qu’après avoir fait une halte auprès de la tombe de Laura. Les belladones de velours rose n’y sont plus fleuries, mais les tristes rouges-gorges les