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II


Almaïde d’Etremont aime à assister, le dimanche après midi, aux danses que les habitants du hameau forment autour de la vieille église. Bergères et bergers font, ce jour-là, un lent rondeau. Les jeunes filles portent le sanglant capulet d’Ossau, et les gorges bombent sous le châle où sont brodés l’épi de blé et les fleurs bleues et rouges des sommets. Elles vêtent la robe noire à bandes d’azur qui est relevée en arrière et imite les ailes bordées de ciel des papillons. Et, lentement, le rondeau tourne, si lentement, accompagné d’une psalmodie si lente, que tous semblent s’endormir de langueur à leur chant. Ces montagnards ont des physionomies aussi tranquilles que des choses. Leurs yeux seuls, pareils à des agates, indiquent une vie puissante et douce.

Tandis qu’Almaïde regarde évoluer la ronde et écoute ces chants si calmes, si désolés que rien ne peut dire combien calmes et désolés, elle reconnaît