dans ses livres. Il y avait une place municipale, une église, un cimetière, des jardins, un forgeron et une auberge noire d’où sortait une bleue fumée et où brillaient des verres. Il y avait une rivière qui serpentait sous des noisetiers sauvages.
Le poète malade s’était assis tristement sur une pierre. Il songeait au supplice qu’il endurait, à sa mère pleurant son absence, aux femmes qui l’avaient trompé, et il regrettait le temps de sa première communion.
— Mon cœur, pensait-il, mon triste cœur ne peut changer.
Soudain, il vit auprès de lui une jeune paysanne ramenant des oies sous les étoiles. Elle lui dit :
— Pourquoi pleures-tu ?
Il répondit :
— Mon âme, en tombant sur la Terre, s’est fait mal. Je ne peux pas guérir, car mon cœur me pèse trop.
— Veux-tu le mien ? dit-elle. Il est léger. Moi je prendrai le tien et le porterai facilement. Ne suis-je pas habituée aux fardeaux ?
Il lui donna son cœur et prit le sien. Et aussitôt ils sourirent et s’en furent la main dans la main, par les sentiers.