Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/254

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Et il repartit par les chemins par où il était arrivé.

Il fut bientôt aux portes de la ville, devant une habitation magnifique où l’on entendait rire et parler parce que l’on y donnait une fête où les pauvres n’étaient pas conviés. Le poète reconnut la demeure d’un de ses anciens amis, un artiste opulent et célèbre. Il s’arrêta pour écouter les conversations, devant la grille du parc d’où l’on apercevait des jets d’eau et des statues. Une femme, dont il reconnut la voix, qui était belle et qui, jadis, avait déchiré son cœur d’adolescent, disait :

— Vous souvenez-vous du grand poète Laurent Laurini ?… On dit qu’il s’est mésallié, qu’il a épousé une vachère…



Les larmes lui vinrent aux yeux et il continua son chemin, par les rues de la ville, jusqu’à sa maison natale. Les pavés répondaient doucement à la parole de ses pas fatigués. Il poussa la porte, entra. Et sa chienne douce, fidèle et ancienne, accourut vers lui en boitant, jappa de