Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/29

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dessus des ténèbres bleues des châtaigneraies, lentement, coulaient des étoiles filantes. Le velours des bruyères s’épaississait. On entendait gémir les robes dans la profondeur des avenues.

Ils contemplaient la mer suspendue dans l’espace, et les voiles penchées, et les sables blancs tachés par les ombres des tamarix, des arbousiers et des pins, et ils parcouraient de rieuses prairies où, descendu de la candeur des neiges, le torrent se fait ruisseau, mais étincelle encore au souvenir des antimoines et des givres.

Lorsque sonnait le cor des chasseurs, Lièvre demeurait sans effroi parmi ses compagnons qui le gardaient et qu’il gardait. Un jour, une meute qui s’était rapprochée de lui recula à la vue du loup, aussi bien qu’une chatte qui poursuivait les colombes s’enfuit devant les trois chiens aux colliers d’épines, et qu’un furet qui guettait l’agnelle se cacha des oiseaux de proie. Le Patte-usée fit peur à des hirondelles qui s’acharnaient sur le hibou.