Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/30

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Le Patte-usée s’était surtout lié avec l’un des trois chiens aux colliers d’épines. C’était une épagneule qui était douce, petite et trapue, à queue courte, aux oreilles pendantes, aux pattes arquées. Elle était polie et convenable. Elle était née dans une loge à truie, chez un savetier qui chassait le dimanche. Son maître étant mort, et personne ne l’ayant alors recueillie, elle s’en fut par les champs où elle rencontra François.

Lièvre marchait auprès d’elle et, lorsqu’elle s’endormait, elle posait son museau sur lui, qui s’assoupissait. Car tous faisaient la sieste, et leur sommeil était plein de songes sous le blême feu de midi.

François revoyait alors le paradis d’où il était descendu. Il lui semblait qu’il y entrât, par la porte grande ouverte sur la rue principale où étaient les maisons des Élus. C’étaient des échoppes basses, toutes pareilles, dans une ombre lumineuse qui faisait pleurer de joie. Au fond de ces boutiques, on distinguait l’éclair d’un rabot, d’un marteau ou d’une lime. Là encore le sublime travail continuait, car Dieu ayant interrogé les hommes qui étaient venus à lui sur ce qu’ils désiraient en