Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/355

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Tu es là, par quelque minuit limpide, lorsque la brume ne quitte pas le lit des ruisseaux et que s’élèvent, de la vallée, avec la prière des Sources, les sanglots rauques des sonnailles… Tu es là, tout au bord de la muraille. Ton ombre bouge. La chandelle que tu as fixée au fond du seau, pour éclairer ta carte, rougeoie, vacille et fume. Une voix a tremblé auprès de toi. C’est Maman. Elle sourit, intriguée sans doute par ta physique amusante, cet attirail de sorcier auquel son goût pour l’alchimie s’intéresse. Je la vois, emmitouflée à cause du serein, épaisse et courte, mais revêtue de je ne sais quel charme puissant et joyeux.

Elle se penche vers toi et je distingue, en dehors de l’ombre que la flamme déplace, une boucle désordonnée prise dans le col du vêtement, son menton volontaire, son nez voluptueux saillant du placide ovale de la joue, un coin de son front trop bombé, obstiné et fier.

Elle te gronde doucement.

— Petit ?… dit-elle.

— Maman ?… lui réponds-tu.