Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/365

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point admis que ceux qui avaient à se partager son amour ne vécussent en excellents frères :

« Combien de fois elle attendrit nos cœurs et nous fit embrasser avec larmes, en nous disant que nous étions nécessaires tous deux au bonheur de sa vie.[1] »

— Petit ? Embrasse Claude Anet… Tu sais qu’il est notre grand frère… Je n’aime point, lorsqu’il entre, que tu tardes à être aimable pour lui… C’est cela… Mon brave Claude, quelles plantes avez-vous trouvées ?

— De la gentiane pour l’estomac de Mme de Warens, et du plantain pour les vapeurs de M. Jean-Jacques…

— En ville, qu’avez-vous appris de nouveau, Claude Anet ?

— … J’ai réglé le compte du boucher, et j’ai dit au marchand de vin de venir reprendre la barrique… Avez-vous pensé que le tuyau est de travers depuis la grande averse, et qu’il faudrait le faire arranger ?… Peut-être puis-je essayer de le remettre d’aplomb moi-même, car, si nous attendons M. de Saint-Laurent, ce sera comme pour la porte de la cave… Ah ! Madame ? M. le médecin Grossi a fait encore une grossièreté à nos voisins…



  1. Les Confessions, partie I, liv. V.