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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/39

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Donc, et parce que le pays de chacun d’eux eût été différent, et pour chacun seul habitable, les compagnons de Lièvre préférèrent ne se point quitter et mourir ensemble dans cette contrée que décimait l’hiver.

Un soir, les colombes fanées s’effeuillèrent de la branche où elles étaient perchées, et le loup ferma les yeux à la vie, le museau sur la sandale de François : déjà, depuis deux jours, son cou n’avait plus la force de soutenir sa tête, et son échine était devenue semblable à une ronce souillée de boue et frissonnante sous le vent ; son maître le baisa au front.

Puis, l’agnelle, les labrits, les éperviers, le hibou et la brebis rendirent l’âme et, enfin, la petite épagneule que Lièvre essaya en vain de réchauffer. Elle trépassa en faisant aller la queue, ce dont le Poil-de-chaume eut tant de peine qu’il ne put, jusqu’au lendemain, toucher à l’écorce des chênes.