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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/82

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Et l’on s’embrasse.

— Avez-vous été heureux à la chasse, petit-père ?

— Oui, ma chérie. Va voir à l’office. Mais fais vite. Tu sais que M. d’Astin ne tardera pas à arriver.

Et Gertrude montre à Clara deux jolies perdrix aux pieds rouges, dont les plumes ardoisées, rousses et noires, sont douces comme de la soie.

Clara d’Ellébeuse va dans sa chambre s’habiller. Elle refait ses boucles lourdes et dorées, les enroule et les lisse au moule de buis. Elle enferme son corps frais dans la robe de mousseline blanche que lui a donnée sa tante Aménaïde. Une ceinture d’un bleu céleste pend de la taille haute. Et, jusqu’à terre, le corps n’est qu’une ligne simple, presque nue. Une chaîne d’argent semble couler vers la gorge creuse. Les bras nus ont chacun une fossette qui semble sourire. Et la bouche sourit aussi, la lèvre inférieure écarlate, à peine un peu épaisse et fendue. Et le nez un peu large, très pur, à peine relevé. Et le front étroit et haut. Et les oreilles presque trop petites perdues sous les repentirs.

Sur le palier :

— Vous êtes jolie, mon enfant, dit Mme d’Ellébeuse. Il était temps que vous fussiez habillée. La cloche sonne ; c’est, je pense, M. d’Astin.