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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/92

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II

L’orage, pendant la nuit, a trempé le parc. Mais la pluie s’évapore et le soleil est si brillant sur les feuillages qu’ils fatiguent la vue. Clara d’Ellébeuse se promène dans l’Allée aux noisettes. Il y a des coques, à terre, vidées par les écureuils. C’est une de ces matinées fraîches et limpides qui annoncent la canicule.

Clara attend que le jardinier ait fini de bâter le petit âne. C’est fait. Elle cueille une gaule verte et, d’un banc de pierre, saute sur la bête qu’elle dirige vers la grille. Elle prend le sentier des bois de Noarrieu. Les gouttes glacées des néfliers pleuvent sur elle. L’âne trotte. Elle est toute secouée et, de temps en temps, retient son large chapeau de paille prêt à tomber. La voici sur la lisière moussue où veillent les colchiques. Dans les haies brillent des toiles d’araignées. On entend le gloussement des ruisseaux encore gorgés