Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/95

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Dans l’habitation, maîtresse étincelante,
Tout un peuple noir suit tes pas ;
Ton trône est un hamac, ô reine nonchalante,
Et ta couronne est un madras.

… Mais elle trouve ces vers moins beaux que ceux que compose Roger Fauchereuse, un jeune homme de leurs amis.

Clara d’Ellébeuse se retrouve à la grille du parc au moment où sa mère et M.  d’Astin se promènent dans la grande allée. La maman de Clara est charmante. Elle semble une aquarelle tirée des Fleurs animées. Un chapeau de grosse paille cousue de suisse, enguirlandé de reines-marguerites, encadre ses lisses bandeaux châtains, ses yeux brillants et ses joues fraîches. Elle porte un peignoir de mousseline blanche imprimée à pois roses, et s’abrite sous une ombrelle verte. Clara d’Ellébeuse met pied à terre, tend son front d’abord à sa mère, ensuite à leur vieil ami.

— Avez-vous été bien loin, mon enfant ? demande M.  d’Astin.

— J’ai fait le tour du bois de Noarrieu, et je suis revenue par la route royale.

— C’est un grand tour. Ah ! Que ne puis-je vous accompagner, ma chérie. J’ai encore la passion des promenades matinales et des bois, mais ne puis y donner cours. Si je vous accompagnais à