Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cheval, j’en serais réduit à un seul éperon… et à une seule jambe. Triste cavalier, ma chère enfant, pour vous défendre…

Clara sourit et s’éloigne, tandis que Mme d’Ellébeuse fait remarquer à M. d’Astin la beauté de tournesols dont les fleurs lourdes apparaissent au-dessus de la haie du potager.

— Bonjour, bonne-maman. Que lisez-vous là, bonne-maman ?

— Je lis, mon enfant, une histoire très intéressante…

Et, pour expliquer, bonne-maman enlève ses lunettes.

— Je lis, mon enfant, l’histoire très intéressante d’un navigateur presque inconnu. Cet homme, vraiment remarquable, a fait le tour du monde dans une petite barque. Il fut au pays des Hindous dans une ville où les singes sont tout-puissants. On n’a pu se rendre maître de ces animaux, car ils pilent d’une espèce d’épice qu’ils soufflent à travers les yeux de leurs ennemis, à l’aide d’un roseau…

— Oh ! Qu’elle est jolie, bonne-maman, votre histoire… Qu’elle est jolie, bonne-maman… Bonne-maman ?… Le tiroir d’en bas, de votre commode, est resté ouvert… Vous avez oublié de le refermer ?…