Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non, mon enfant. C’est ton père, qui est dans sa chambre, qui vint prendre ici, tout à l’heure, des papiers qui étaient sous clef… Il doit les remettre à M.  d’Astin.

— Quels papiers, bonne-maman ?

— Je crois, des lettres de la Guadeloupe… Mais cela t’importe peu, mon enfant. Il est temps que tu ailles t’apprêter pour le déjeuner.

Clara d’Ellébeuse sort de la chambre de Mme  d’Étanges, et monte l’escalier en fronçant les sourcils :

… Pourquoi M.  d’Astin va-t-il garder les papiers de la Guadeloupe ? Les papiers de la Guadeloupe, ce sont les lettres du grand-oncle Joachim… Ces papiers doivent rester dans la famille… Pourquoi M.  d’Astin va-t-il les emporter ?… Je ne veux pas, moi, que M.  d’Astin les emporte… Est-ce qu’il va emporter aussi le joli portrait de Laure ?

Une grande tristesse, une sourde rage gonflent le cœur de l’enfant. Elle n’a jamais lu ces correspondances. Elle n’en a vu que l’extérieur, parfois, lorsque bonne-maman ouvrait le tiroir d’en bas. Mais elle tient à ces papiers jaunis, parce que le portrait du grand-oncle Joachim est dans sa chambre, et que l’oncle Joachim était le fiancé de Laure… Mais elle ne peut pas empêcher petit