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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/217

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Il y a de ces maladies qui boivent dans la journée vingt et trente litres d’eau sans pouvoir se désaltérer. Cet excès de liquide amène une conséquence inévitable : c’est une énorme sécrétion rénale et des phénomènes de polyurie, car nécessairement ces malades urinent de vingt à trente litres par jour. Chose curieuse, les études médicales se sont presque toujours préoccupées du second phénomène plus que du premier. Il est possible que, dans certain cas, le trouble rénal soit primitif, mais il faudrait le démontrer et, dans bien des cas, le trouble de la soif et la boisson excessive sont à mon avis le phénomène le plus important.

Bien entendu ces besoin d’alimentation et de boisson seront très souvent systématiques et porteront par exemple sur les boissons alcooliques, mais nous revenons alors à des phénomènes d’impulsion et d’idées fixes dans lesquels les instincts d’alimentation jouent un faible rôle.

À côté de ces agitations, nous constatons comme toujours des insuffisances fonctionnelles, les plus remarquables portent sur l’appétit et sur la préhension des aliments. Nous avons à signaler l’inverse de la boulimie dans les anorexies hystériques et dans les sitiergies psychasténiques. Voici d’abord, en résumé, la forme hystérique du syndrome : il s’agit de sujets en général assez jeunes qui sous des prétextes quelconques commencent par s’acclimater de moins en moins et qui finissent par refuser à peu près complètement toute alimentation. La maladie a été décrite par W. Gull, en 1868, et par Lasègue, en 1873. L’article de Lasègue fut le seul qui eut du succès et qui contribua à répandre cette notion médicale nouvelle. C’est lui qui amena Gull à faire observer, en 1873, qu’il avait déjà signalé des faits semblables.

Comme Lasègue l’avait observé, la maladie passe ordinairement par trois phases successives. La première