Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/29

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embarrassé, gêné, il a peine à s’exprimer ; mais, en réalité, il sait parfaitement ce qui le tourmente. Au lieu d’apprendre par l’entourage du malade le sujet de l’idée fixe, c’est par le malade lui-même que nous apprenons le contenu de l’obsession, car il peut en indiquer tous les détails. Il en résulte que la crise dans laquelle cette idée se développe est beaucoup moins nette, elle n’a pas un commencement et une fin bien déterminées. La préoccupation est presque continuelle et présente simplement des moments d’exaspération.

Voyons donc, d’après les dires des malades, les idées qui les préoccupent ; nous reprendrons ensuite les caractères de ces obsessions en même temps que ceux des idées fixe précédentes. Les sujets de ces obsessions peuvent être extrêmement variés et la liste en serait interminable. J’ai cependant essayé de les répartir en quelques groupes qu’il me semble intéressant de conserver pour mettre un peu d’ordre dans l’exposé[1].

Obsessions et impulsions sacrilèges. — Dans un premier groupe, il s’agit évidemment d’obsessions religieuses, mais ce sont des idées religieuses toutes spéciales et ayant un aspect horrible, monstrueux, en dehors de toute croyance raisonnable. Au lieu de se préoccuper des événements de la vie commune, de la mort d’un enfant, de l’absence d’une personne aimée, ces malades songent à des crimes religieux, irréalisables et fantastiques. Un homme de quarante ans, après beaucoup de tergiversations, nous fait l’aveu de ce qui le tourmente jour et nuit. Il vient de perdre, il y a deux ans, son père et son oncle pour qui il avait la pus grande affection et la plus grande vénération : il les pleure, cela est naturel. Va-t-il être obsédé par l’image de leur figure comme une hystérique

  1. Obsessions et psychasténie, 1903, p. 9l