Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/174

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Suède, la fameuse Christine, morte à Rome, à l’âge de soixante-cinq ans, dans la plus grande solitude, et dans un silence voisin du mépris.

Ce grand musicien, le bouffon de Versailles, qui faisait rire aux éclats le grand roi dans ses plus mauvais jours, Baptiste Lully, est mort ; on a trouvé chez lui trente-sept mille louis d’or, vingt mille écus en espèces, et beaucoup d’autres biens. Le privilège de l’Opéra a été laissé à sa femme et à ses enfants.

M. Dacier, que sa savante femme a rendu célèbre, obtient à peine une mention honorable dans les discours de Versailles.

Quinault lui-même, un des grands amuseurs de ces beaux lieux, celui qui présidait, avec Corneille et Molière, aux fêtes de l’Ile enchantée, à l’inauguration de Versailles, il est mort, repentant de toutes ses belles comédies.

À son tour, Lebrun, le peintre fameux à qui la grande galerie de Versailles devait son plus riche ornement, il disparaît de la scène du monde, et le roi n’a pas un mot pour son peintre ordinaire.

Mais l’étonnement redouble à la mort de Mme la duchesse de Schomberg. Peu de gens se souviennent, dans ces domaines de l’oubli, que cette aimable duchesse de Schomberg avait été le chaste amour de Louis XIII ; qu’elle pouvait jouer un grand rôle à la cour d’un roi si timide, et qu’elle s’en était effacée, heureuse de sauver sa bonne renommée, et de ne pas laisser un remords à ce jeune roi qui l’aimait. Pourtant, la cour entière était partagée, au moment de la mort de Mme de Schomberg, entre Mme de Montespan déclinante et Mme de Maintenon qui grandit chaque jour.

Au dernier Marly, Mme de Montespan, se voyant seule, avec un triste sourire, disait au roi : Me voilà pourtant