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Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/155

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elle-même m’en avait prié ; mais j’ai trop peur des éruptions du Vésuve.

En même temps nous entrions dans Paris.

L’entrée de Paris, par la barrière du Bon Lapin, est peut-être la plus agréable, quoique la plus modeste de toutes les entrées parisiennes. Vous arrivez à travers les champs, vous traversez une vaste plaine où manœuvre la cavalerie chaque matin ; vous entrez dans une étroite allée, vous laissez à votre gauche la Grande Chaumière et toutes les guinguettes qui l’avoisinent, et tout d’un coup vous vous trouvez en présence du beau jardin du Luxembourg, aimable et tranquille promenade de ces quartiers lointains. Mon Italien m’interrogeait à chaque pas, s’étonnant de tout, tantôt des vieilles femmes qui encombraient le jardin, tantôt des jeunes pairs de France qui venaient faire des lois, la cravache à la main et l’éperon au talon ; cette vaste salle de spectacle et cette Sorbonne si mesquine, ces grands hôtels en simple pierre et pas une statue de marbre, pas un homme occupé à se chauffer au soleil ; des lazzaroni travaillant comme des forçats, d’autres lazzaroni chantant dans la rue d’une voix fausse accompagnée d’un instrument plus faux encore ; d’horribles gravures coloriées à la porte des vitriers ; des pots de terre sans