Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/156

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élégance, rien d’antique ; des rues étroites, un air infect, de jeunes filles chargées de misère et sans sourire, des marchands de poisons à toutes les rues, et pas une madone ! Le bandit était consterné : — Quel métier vais-je donc faire ici pour vivre ? me dit-il avec une inquiétude visible.

— Avant tout, que savez-vous faire ? lui demandai-je, un peu embarrassé moi-même de sa personne.

— Rien, me dit-il ; seulement je ferais de la meilleure musique, de la meilleure peinture, de plus belles statues en marbre ; je garderais mieux un palais que tous ceux que j’ai vus jusqu’à présent ; et quant à vos marchands de poisons, voici un poignard qui vaut mieux que toutes leurs drogues, ajouta-t-il avec un énergique sourire.

— Si vous n’avez pas d’autre ressource, je vous plains bien sincèrement, mon maître ; nous avons sur les bras quinze mille peintres, trente mille musiciens, et je ne sais combien de poëtes qui ne sont pas trop bien dans leurs affaires ; — pour ce qui est de votre poignard, je vous conseille de le laisser en repos, car cette fois vous seriez pendu à une potence dont la corde ne casse jamais.

— Cependant, sans me vanter, je ne chante pas mal