Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/157

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une chanson d’amour. Quand j’étais à Venise, c’était, parmi les seigneurs les plus galants, à qui me confierait la conduite de sa sérénade, et je la menais si galamment, que plus d’une fois il m’est arrivé d’achever pour mon propre compte l’entreprise que j’avais commencée pour autrui.

— La sérénade serait le plus sot des métiers parmi nous. En France, il n’y a qu’une manière sûre de prendre une femme, c’est de lui donner quelque chose ; toutes les chansons du monde n’y feraient rien. Tu serais Métastase en personne, qu’elles ne feraient que rire, pauvre diable, des sons lamentables de ta guitare et des chants mélodieux de ton amour dans une nuit d’été.

— En ce cas-là, reprit le jeune homme en relevant la tête, j’irai demander du service au roi de France, je lui montrerai comment je sais manier une carabine et me faire obéir d’un bataillon : s’il veut me prendre à son service, je m’engage à monter la garde au plus fort de l’été sans parasol, comme le plus hardi bandit.

— Apprenez, mon brave, qu’on ne parle pas au roi de France. D’ailleurs, pour ce qui est de votre talent sur la carabine, vous trouverez chez nous deux cent