Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/216

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mieux, quant à présent, l’habiller comme une femme de la cour : le cou nu, la gorge nue, une flamboyante robe de satin jaune, des bas à jour, les oreilles chargées de fausses perles, des marabouts dans les cheveux, et notre respectable Félicité à ses côtés, pour lui servir de mère, le soir.

— Je suis lasse, reprit la Saint-Phar qui écoutait, je suis lasse de toutes ces princesses ; elles nous ruinent en gazes et en dorures et en jujubes ; rien n’est pénible comme de voir ces belles robes de satin nous revenir couvertes de boue ; je n’en veux plus, et, si j’étais mademoiselle, j’aimerais mieux une jolie robe de paysanne, les bras nus, la croix d’or attachée à un virginal velours noir, une blanche fleur à la main, les cheveux retroussés en chignon, le chapeau de paille sur le côté de la tête ; certes, cette nonchalance villageoise lui siérait très-bien !

À ces mots, qui me rappelaient (ô mes chers et chastes souvenirs, que veniez-vous faire en ce lieu ?) la plaine de Vanves, je m’élançai de mon siége, je résolus de faire une dernière tentative pour arracher la malheureuse à ce repaire. — Oui, oui, m’écriai-je, oui, pauvre fille, il en est temps encore, reprends ta robe de bure, couvre ton cou d’un simple mouchoir d’indienne,